“Je voyais pas vraiment les comportements discriminants que je pouvais vivre au quotidien, ils me semblaient habituels et normaux. Oui, c’était normal de mettre la table et de la débarasser pendant que mes cousins attendaient sagement que tout soit prêt. C’était normal, de ne pas pouvoir me reservir à table parce qu’il fallait que le grand gaillard à ma droite, lui, puisse manger à sa faim. C’était normal de m’occuper seule de ranger, de nettoyer et de faire à manger. C’était normal, tout était normal. Et aujourd’hui, je les vois, j’en suis consciente et pourtant, par moment j’ai du mal à le faire remarquer, par peur de passer pour la meuf chiante, alors souvent je me tais. C’est marrant, en le disant j’ai l’impression qu’on a deux options dans la vie, on peut soit être une fille normale, celle qui fait tout, sans que ça n’interpelle personne, soit une fille chiante qui ose demander un partage équitable.”
“Lorsque j’entends « inégalité de genre », le premier souvenir qui me vient à l’esprit c’est le jour où je me suis faite gronder parce que j’avais enlevé mon t-shirt pour jouer dans l’équipe des “torses nus” lors d’un petit match de foot improvisé avec mes copains du quartier devant la maison où je vivais. Si mon petit torse d’enfant ressemblait à ceux de mes coéquipiers, moi je n’avais pourtant pas le droit de l’exposer. Je me souviens aussi de cette phrase que l’on me répétait si souvent à table “mange tes croûtes et tu auras des gros seins” alors que mon frère lui, devait simplement terminer sa tartine « pour prendre des forces ». Petite, j’ai très vite intégré que l’on allait bien souvent définir ma valeur en tant que femme à travers mon corps. Le contrôle social sur le corps féminin est un fardeau que je n’ai jamais demandé à porter et pourtant il existe toujours malgré son poids.”
“J’ai grandi dans une famille où j’étais la seule fille, entourée de mes oncles, de mes cousins et de mes frères. J’ai grandi dans une éducation où jusqu’à mon adolescence j’ai été élevée « comme un garçon », à la dure tout comme mes frères. Je devais être forte et ne pas montrer mes sentiments. Puis, à l’adolescence, ça a basculé. Je devais être irréprochable, faire tout bien comme une « bonne fille » et avoir des beaux points à l’école. On ne me laissait pas l’opportunité d’être curieuse de tout, de découvrir, de m’aventurer, alors je faisais les choses en cachette. Mes frères, eux, pouvaient faire ce qu’ils voulaient, ils avaient le droit à l’échec, ils n’avaient aucune pression de « déshonorer » la famille, de décevoir mes oncles. Moi je ne pensais qu’à ça, qu’à ce que ma famille dirait de moi si je faisais telle ou telle chose, en réalité j’avais une lourde pression sur les épaules. Puis je suis partie vivre dans une autre ville et le fait d’être éloignée de ma famille me permet de m’épanouir et de vivre les choses comme je l’entends.”
“J’ai grandi dans un environnement très genré dans lequel j’étais supposé me conformer au modèle pré établi de ce qu’est un homme. Etant une personne homosexuelle je ne comprenais pas pourquoi je devais respecter ces codes. Très jeune je me devais d’être viril, fort et de ne pas montrer mes émotions.
J’ai très rapidement senti que ça ne me correspondait pas mais pour ne pas me faire persécuter j’ai enfui en moi mes différences et me suis aligné.
Toute mon enfance et mon adolescence on m’a appris que ce que j’étais n’était pas normal et même négatif.
Les discriminations « indirectes » que j’ai vécues ne m’ont pas permises de me construire en tant que personne avant d’avoir atteint l’âge adulte.
C’est seulement quand j’ai pu quitter l’environnement dans lequel j’ai grandi que j’ai pu me rendre compte que toutes ces remarques et attentes que les personnes autours de moi me faisaient étaient des discriminations de genre et homophobes.
J’arrive maintenant à les reconnaître et à réagir afin que je puisse être la personne que je suis réellement.
Je peux enfin dire et faire des choses que la société n’attend pas de moi sans me sentir mal afin d’être heureux dans mon corps et mon esprit..”
J’ai très rapidement senti que ça ne me correspondait pas mais pour ne pas me faire persécuter j’ai enfui en moi mes différences et me suis aligné.
Toute mon enfance et mon adolescence on m’a appris que ce que j’étais n’était pas normal et même négatif.
Les discriminations « indirectes » que j’ai vécues ne m’ont pas permises de me construire en tant que personne avant d’avoir atteint l’âge adulte.
C’est seulement quand j’ai pu quitter l’environnement dans lequel j’ai grandi que j’ai pu me rendre compte que toutes ces remarques et attentes que les personnes autours de moi me faisaient étaient des discriminations de genre et homophobes.
J’arrive maintenant à les reconnaître et à réagir afin que je puisse être la personne que je suis réellement.
Je peux enfin dire et faire des choses que la société n’attend pas de moi sans me sentir mal afin d’être heureux dans mon corps et mon esprit..”
« Cela fait maintenant 8 ans que je travaille dans le secteur spatial, un univers professionnel dans lequel les hommes sont très largement surreprésentés. À plusieurs reprises j’ai eu l’occasion de participer à des réunions au cours desquelles des femmes qui s’exprimaient se voyaient systématiquement confisquer la parole par des hommes. Pire encore, les idées qu’elles tentaient d’exposer se sont bien souvent retrouvées reprises à la volée par ceux qui les avaient interrompues. Après avoir assisté à l’accaparement décomplexé de leur travail, ces femmes ont souvent décidé de se taire et ne de plus s’exprimer qu’à de rares occasions. Ces cas manifestes de « manterrupting » sont hélas légion courante dans un secteur spatial qui peine encore aujourd’hui à attirer les femmes vers les nombreuses professions qu’il a à offrir »
Question de genre, question de bienséance, question de norme. Me voici, quinquagénaire, heureux papa de 4 enfants. Depuis bien longtemps, je suis confronté au regard normé et bien ordonné posé sur mes enfants par notre société. Ce qui définit un garçon, une fille, ce qu’est un sport adéquat , une tenue, une sexualité adéquate et ce qui ne l’est pas… Dictat d’un groupe social qui cultive l’ambiguïté entre une pensée paternaliste qui se définit comme protrectrice et l’ érotisation infantile, le porno chic, le Freudporn. Cette dictature de genre, m’a invité à avoir un jour une conversation avec mes enfants sur ce qu’ être une fille. Les invitant bien malgré moi à se conformer aux attendus. Bien heureusement, mes filles sont des jeunes femmes fortes et indépendantes qui revendiquent leur féminité et leur féminisme.e”